La majorité promet une "traduction législative" du "grand débat national"

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par Jason Wiels, le Lundi 14 janvier 2019 à 17:30, mis à jour le Jeudi 19 mars 2020 à 15:31

Réunis lundi en séminaire à l'Assemblée nationale, les députés LaRem veulent jouer la carte de l'apaisement après une fin d'année difficile. À la veille du lancement du "grand débat" souhaité par l'exécutif, le patron de la CFDT Laurent Berger était leur invité. Gilles Le Gendre promet "une traduction législative" après ces deux mois d'écoute et de dialogue.

La rentrée s'annonce singulière pour la majorité à l'Assemblée nationale. Le train des réformes, si rapide l'année dernière, va sensiblement ralentir les prochaines semaines car le débat va d'abord se faire... en dehors de l'hémicycle. "Les députés y prendront part, mais pas en étant les animateurs au premier plan", explique Gilles Le Gendre.

Écouter pour réformer ? Le président du groupe La République en marche se projette à l'issue du débat : "Le moment venu, quand les décisions auront été prises, cela aura forcément une traduction législative". "C'est très important que le débat soit suivi par des décisions historiques et spectaculaires du gouvernement, sinon ça ne marchera pas", insiste même son collègue Matthieu Orphelin.

Même son de cloche du côté du vice-président de l'Assemblée nationale Hugues Renson : "Il faut que ce débat puisse être conclusif pour aboutir à des projets de loi nouveaux."

Le débat, mode d'emploi

Annoncé formellement dimanche dans sa Lettre aux Français, Emmanuel Macron a décidé d'ouvrir du 15 janvier au 15 mars un "grand débat national" sur quatre thèmes (fiscalité et dépenses publiques, organisation de l'État et des services publics, transition écologique, démocratie et citoyenneté). Les ministres Sébastien Lecornu et Emmanuelle Wargon ont été chargés de l'organisation, tandis qu'un collège de cinq "garants" va être nommé par l'exécutif et les présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique social et environnemental pour "garantir l'indépendance" du débat.

Présente au séminaire de rentrée de la majorité, la secrétaire d'État Emmanuelle Wargon a détaillé la méthode, qui reposera sur les maires et un réseau d'animateurs censés aider à la formalisation et à la restitution des échanges.

D'après la députée Monique Iborra, ce sont bien les agents de la Commission nationale du débat public qui seront mis à contribution, malgré le retrait de sa présidente Chantal Jouanno après la polémique sur le montant de son traitement. Comme ses collègues, la députée LaREM n'a découvert le fonctionnement du "grand débat" que la veille de son lancement. Un site Internet dédié devrait permettre à chaque citoyen de lancer son propre débat dans sa ville ou son quartier.

La majorité à l'écoute de Berger

Avant de dialoguer dans leur circonscription, les députés LaRem ont également écouté lundi le numéro 1 de la CFDT, Laurent Berger. Ce n'est pas une première, puisque le dirigeant du premier syndicat français avait déjà été reçu par le groupe lors de la réforme ferroviaire.

C'est néanmoins le signe d'une volonté d'apaiser et de soigner les liens avec les partenaires sociaux, alors que celui-ci s'estime régulièrement boudé par l'Élysée.

L'immigration, un sujet "sans tabou"

Au sein du thème "démocratie et citoyenneté", le président de la République a clairement indiqué sa volonté de remettre à plat la politique du pays en matière d'immigration. "Bousculée par des tensions et des doutes", la "tradition française" en la matière pourrait évoluer. Dans ses questions aux Français, Emmanuel Macron leur demande "s'ils souhaitent, que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement". Ouvre-t-il ici la voie à la mise en place de quotas, "une fois nos obligations d'asile remplies" ?

"Le chef de l'État ne parle pas de quota, c'est inexact de penser que c'est une perspective", tempère Gilles Le Gendre. Tout en reconnaissant que sur ce sujet "comme sur tous les autres", "la discussion est ouverte sans tabou"...