Face aux députés de la commission d'enquête parlementaire, Michel Delpuech assure que c'est l'Élysée qui l'a mis au courant des violences commises par l'ancien adjoint au chef de cabinet d'Emmanuel Macron. Selon lui, c'était donc à la hiérarchie d'Alexandre Benalla de prendre les sanctions, pas à la préfecture de police.
Une affaire de "copinage malsain". En deux mots, Michel Delpuech a résumé son sentiment sur l'affaire Benalla, cet ancien chargé de mission de l'Élysée qui a violenté des manifestants le 1er mai, à Paris.
Avant d'être licencié vendredi par la présidence de la République suite aux révélations du Monde, Alexandre Benalla n'avait écopé que d'une mise à pied conservatoire de 15 jours. Pourquoi une telle clémence ? Y-a-t-il eu des dysfonctionnements au sein de la police ? Pourquoi la justice n'a-t-elle pas été saisie ?
Les principales réponses du préfet de police de Paris :
Michel Delpuech a commencé son audition par le déroulé, heure par heure, de la journée du 1er mai, où des incidents violents ont eu lieu dans l'avant-cortège des manifestations.
Il raconte aux députés son étonnement de trouver Alexandre Benalla, le 1er mai au soir, dans la salle de commandement de la préfecture de police pour le debriefing de l'opération de maintien de l'ordre du jour :
Le @PrefPolice Michel Delpuech raconte avoir découvert avec "étonnement" et "surprise" Benalla dans la salle de commandement le soir du 1er mai lors du debriefing :
- "Vous êtes là ?", lui a-t-il demandé
- "J'étais sur le terrain, je suis venu", a répondu Benalla#directAN pic.twitter.com/QXMuaZ80ic
— LCP (@LCP) July 23, 2018
Michel Delpuech est stupéfait, car, assure-t-il, personne ne l'avait informé de la présence de Benalla aux côtés de l'unité de police chargée du maintien de l'ordre, place de la Contrescarpe, à Paris.
Selon sa propre chronologie, ce n'est que le lendemain matin, le 2 mai, qu'il apprend de la bouche d'un collaborateur de l'Élysée qu'il y a "une affaire Benalla".
Le 2 mai "à 10h15 je reçois un appel de Laurent Hottiaux, collaborateur du président de la République. Il venait aux nouvelles de 'l'affaire #Benalla' Je ne comprends pas de quoi il s'agit" raconte le Préfet de Paris Michel Delpuech. @PrefPolice #DirectAN pic.twitter.com/pKl7N0jWcN
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Le préfet visionne alors avec son équipe la vidéo de l'agression qui circule sur les réseaux sociaux. Il interroge alors le directeur l'ordre public et de la circulation sur la présence de Benalla, mais celui-ci ne semble pas plus informé que lui sur les raisons de la présence du "monsieur sécurité" du président de la République, Place de la Contrescarpe.
Les députés ont insisté pour savoir pourquoi le préfet n'avait pas appliqué l'article 40 du Code de procédure pénale qui prévoit que "toute autorité constituée" qui "acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République".
Michel Delpuech explique sans détour que c'était à la hiérarchie d'Alexandre Benalla, autrement dit le pouvoir exécutif, de prendre les sanctions qui s'imposaient.
Michel Delpuech s'est bien gardé de donner son avis sur la proportionnalité de la "peine" infligée au chargé de mission, qui a très vite retrouvé son poste et ses fonctions.
#MichelDelpuech explique pourquoi il n'a pas appliqué l'article 40 du Code de procédure pénal sur le comportement de Benalla, "qui n'est pas fonctionnaire de police". Pour lui, la sanction devait être prise par sa hiérarchie, "et c'est ce qu'il s'est passé", dit-il.#DirectAN pic.twitter.com/zLE9CIJaBQ
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D'ailleurs, le préfet explique qu' "au bout de quelques jours", "pas mal de personnes étaient informées" de l'affaire. "La liste serait longue s'il fallait dresser le nombre des autorités qui auraient pu faire usage de l'article 40...", évoque-t-il
En revanche, le préfet n'a pas hésité à décrocher son téléphone pour appeler le procureur de Paris, François Molins, pour signaler les trois complices, fonctionnaires de police, qui ont aidé Benalla à obtenir une copie vidéo du plan de protection de la ville de Paris, qui montre la scène de violence sous un autre angle que la première vidéo.
Affaire Benalla : Michel Delpuech raconte comment, "dans la stupeur", il apprend que trois fonctionnaires de police ont remis à Benalla le "double des enregistrements vidéo" des événements de la Contrescarpe".
"J'ai appelé moi-même le procureur Molins", dit @PrefPolice #DirectAN pic.twitter.com/sIk5RLEbeM
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Ils ont été tous les trois mis en examen dimanche soir pour "détournement d'images issues d'une vidéo protection et violation du secret professionnel".
Si le préfet de police, tout comme Gérard Collomb, ne sait pas comment Alexandre Benalla s'est procuré le brassard de police et le talkie-walkie le 1er mai, il répond en revanche sur l'attribution d'un port d'armes à l'intéressé :
Port d'arme de #Benalla : #MichelDelpuech "assume" avoir accédé à la demande transmise "sans pression" par l'@Elysee mais précise qu'il ne s'agissait pas d'un port d'arme permanent. @PrefPolice #DirectAN pic.twitter.com/On9DFxngdt
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Un sujet qui interpelle le député La République en marche Jean-Michel Fauvergue, l'ancien patron du RAID, qui a dû lui-même subir des enquêtes personnelles et attendre plus de quatre mois avant d'obtenir une arme...
Le LREM Jean-Michel Fauvergue, ancien chef du RAID, s'étonne de la délivrance "apparemment assez rapide" d'un permis de port d'armes à Alexandre Benalla par les services de la préfecture... alors qu'il lui a fallu attendre "4 mois" pour avoir le sien.#DirectAN #MichelDelpuech pic.twitter.com/8v0nilzYxg
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