Marine Le Pen annonce une proposition de loi constitutionnelle visant à instituer une "Déclaration des droits des peuples et des nations"

Alors que des milliers de migrants sont arrivés sur l’île italienne de Lampedusa en quelques jours et que le Parlement examinera dans les prochains mois un projet de loi portant sur l'immigration, le Rassemblement national fait monter la pression sur le gouvernement. Après une journée de travail réunissant, vendredi 15 septembre, les députés et les députés européens du RN, la présidente du groupe à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, et le président du parti, Jordan Bardella, ont fait leur rentrée politique à Beaucaire (Gard), ville dirigée par Julien Sanchez (RN) depuis 2014 et située dans la circonscription du député Yoan Gillet (RN). 

Sous un ciel menaçant, quelques milliers de militants ont fait le déplacement pour assister au lancement de la campagne du Rassemblement national pour les élections européennes par Jordan Bardella et écouter le discours de Marine Le Pen. A la tribune, le président du parti déroule l’argumentaire désormais classique de sa formation politique : défense du pouvoir d’achat "sur toutes les lèvres, dans toutes les lettres à nos députés", baisse des taxes sur le carburant, réforme de la fixation des prix de l’énergie… Il insiste sur le travail, l’autorité. Puis, évidemment l’immigration : le référendum est, selon lui, le seul moyen pour "permettre à la France […] de retrouver la maîtrise de son destin", martèle la tête de liste du RN pour les européennes. 

En se lançant très tôt et avec le slogan "Vivement le 9 juin !" (date du scrutin européen), l’état-major du Rassmblement national espère mobiliser son électorat. "C’est le grand scrutin de mi-mandat, le seul scrutin pour sanctionner le gouvernement et envoyer un message clair à Bruxelles", lance Jordan Bardella.

Après une demi-heure de discours, Marine Le Pen, qui n’est pas candidate aux élections européennes, prend le relais. La présidente du groupe à l’Assemblée nationale présente une "Déclaration des droits des peuples et des nations" pour, explique-t-elle, défendre la souveraineté, la sécurité et l’indépendance de la France. Un texte qu’elle a rédigé elle-même, avec l’aide de constitutionnalistes.

Une façon pour la double finaliste de l'élection présidentielle de fustiger le fonctionnement de l’Union européenne qui, pour elle, outrepasse le droit des nations : "Plus jamais nous ne tolérerons que l’on impose, sur le sol européen, des modes de gouvernement ou des législations à des chefs d’Etat élus, en Pologne, en Hongrie, en Italie, ou ailleurs."

Le RN se défend de vouloir mettre à bas la Déclaration universelle des droits de l’Homme et affirme qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre les deux textes. Déjà dans l’optique de l'élection présidentielle de 2027, Marine Le Pen va entamer une tournée pour présenter son texte à d’autres dirigeants européens et internationaux, à commencer par Matteo Salvini, son allié italien avec qui elle a rendez-vous dimanche 17 septembre.

Dans un second temps, cette "Déclaration" devrait faire l’objet d’une proposition de loi constitutionnelle qui ne fera cependant pas partie des propositions qui seront présentée par les députés du Rassemblement national lors de sa journée d’initiative parlementaire du 12 octobre à l’Assemblée. Le vote d'un tel texte étant invraisemblable dans la configuration politique actuelle, l'objectif de Marine Le Pen est surtout de créer le débat en vue de la prochaine élection présidentielle.