Les députés de la Nupes étaient réunis, lundi 18 septembre à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), pour leur séminaire de rentrée. L'occasion de se mettre en ordre de bataille en amont de la session parlementaire, alors que la stratégie à adopter pour les élections européennes n'en finit pas de susciter des tensions au sein de la coalition.
Au lendemain de la fête de l'Humanité qui a donné lieu à des passes d'armes et mis en exergue les divisions de la gauche, les groupes de la Nupes à l'Assemblée nationale ont tenté de donner une image plus unie à l'occasion de leur séminaire de rentrée, ce lundi 18 septembre. Rassemblés à l'espace Robespierre à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), près de Paris, les parlementaires insoumis, socialistes, écologistes et communistes ont participé tout au long de la matinée à des tables rondes avec des acteurs du mouvement social, des élus locaux et des représentants d'associations, avant une conférence de presse commune à la mi-journée.
"Nous nous sommes vus toutes les semaines depuis un an", a fait valoir le président du groupe Socialistes, Boris Vallaud, assurant que la Nupes était rassemblée "dans une opposition déterminée à un gouvernement qui est le gouvernement de quelques-uns". "Dès ce soir, nous serons ensemble à batailler contre le projet de loi proposé par le gouvernement, dit 'France Travail'", a pour sa part assuré le communiste Pierre Dharréville, alors que le ministre du Travail, Olivier Dussopt, devait être auditionné dans l'après-midi par la commission des affaires sociales sur le projet de loi "pour le plein emploi". Au menu également de ce séminaire de rentrée : des discussions autour d'un éventuel "contre-budget" qui serait proposé par l'ensemble de la Nupes dans la perspective du projet de loi de finances, dont l'examen dans l'hémicycle débutera le 10 octobre.
Il y a ceux qui théorisent et interrogent l'union, et ceux qui essaient de la pratiquer au quotidien au bénéfice des Françaises et des Français. Boris Vallaud
Alors que la cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, a également affirmé que l'ensemble des députés de l'intergroupe étaient "au combat", son homologue du groupe Écologiste, Cyrielle Chatelain, a considéré que le travail mené à l'Assemblée était "la preuve que le pari de la Nupes fonctionne". "La question n'est pas de savoir si on s'apprécie ou pas, si on s'aime ou pas, la question est de savoir si nous sommes présents pour répondre aux enjeux", a-t-elle souligné.
Alors que la Nupes avait été conçue au premier chef comme une coalition électorale lors des dernières élections législatives, cette dimension originelle semble avoir du plomb dans l'aile. Et pour cause : écologistes et communistes ont déjà tranché la question stratégique liée aux élections européennes en décidant de proposer leurs listes respectives, chemin que les socialistes pourraient également emprunter. Tandis que les insoumis, à l'origine des concertations en vue de l'accouchement de la Nupes, continuent de plaider pour une liste commune pour le scrutin européen qui aura lieu en juin prochain.
Si Cyrielle Chatelain admet que "le risque existe" que les désaccords tactiques sur les questions électorales pèsent sur l'unité pour mener la bataille au Parlement, elle se dit "optimiste" après une première année qu'elle juge constructive. "Oui, on peut faire des choses ensemble, et quand on a des désaccords on essaie de les surmonter", défend également Boris Vallaud.
On a des désaccords stratégiques, je pense que c'est bien qu'ils soient abordés aussi. Manuel Bompard
Une volonté d'opérer un distinguo entre stratégie électorale et bataille parlementaire que ne partage pas Manuel Bompard. Pour le député et coordinateur de la France insoumise, "ce qu'il se passe du point de vue électoral, programmatique, les déclarations des uns et des autres, participent aussi de notre travail à l'Assemblée". Si en cette rentrée parlementaire, la priorité de la Nupes réside dans le fait de dégager des positions communes texte par texte, nul doute que l'épineuse question électorale devrait s'inviter, au fil des semaines, dans les couloirs de l'Assemblée.